Le peuplement préhistorique sur le territoire de la commune est attesté par la présence de divers vestiges, tels le mégalithe dénommé la » Pierre longue » et un polissoir (tous deux sur le versant sud de la vallée) ou encore la villa d’époque gallo-romaine mise au jour lors de fouilles archéologiques sur le versant nord.
Au Moyen Age, existaient en réalité deux villages séparés par la rivière d’Ysieux, laquelle constituait la frontière entre la Châtellenie de Gonesse et le ressort de Luzarches. Au sud, c’était Brenc, dont le peuplement régulier peut être reconnu depuis au moins, l’époque carolingienne (soit avant le XIème siècle). Au nord, Bellum fontem, devenu Bellefontaine. Si aucune référence précise concernant Bellum fontem n’apparaît dans les archives conservées, rien n’infirme une éventuelle occupation humaine de ce village aux temps anciens, d’autant plus que des villas d’époque gallo-romaines ont été découvertes sur le plateau au nord du village.
C’est l’essor de l’abbaye Notre-Dame d’Hérivaux sur le territoire de Luzarches qui, en provoquant notamment des défrichements dans le massif forestier d’Orry-Chantilly, assura l’expansion et le développement économique de la Vallée de l’Ysieux. La réunion des deux villages se fit au XVIème siècle. Il ne subsista que Bellefontaine avec une voie au sud (actuelle rue des Sablons, après le pont) appelée alors rue de Brenc, tandis que l’agglomération méridionale, elle-même, devint un lieu-dit dénommé, plus tardivement, » Au delà de l’eau « .
La collecte fiscale » Bellefontaine » unité » administrative » d’Ancien Régime devenue commune à la Révolution était au XVIIIème siècle un village où l’on comptait une cinquantaine de » feux » (ménages) soit environ deux cent vingt habitants. La paroisse était placée sous le vocable de Saint Nicolas. Elle avait des liens d’étroite dépendance avec l’abbaye d’Hérivaux. Le père abbé percevait, en partie, la dîme, et proposait à l’évêque (puis archevêque) de Paris les curés que le prélat nommait ensuite. Le conseil de fabrique de la paroisse (clercs et laïcs réunis et administrant le temporel de celle-ci) avait créée une » petite école « , sur la fréquentation de laquelle nous n’avons guère de lumières, si ce n’est que les enfants pour bénéficier des rudiments d’éducation que l’on y dispensait devaient d’abord s’affranchir du travail de soutien qu’ils apportaient à leurs parents. Au XVIIIème siècle, le seigneur du village était le chevalier Forest. Par la suite ce fut le Comte Molé, Président du Parlement de Paris qui résidait au château d’Epinay-Champlâtreux. Son fils devint ministre sous Charles X, puis président du Conseil sous Louis Philippe.
La population comprenait deux ou trois fermiers dont celui du seigneur du village et celui tenant la ferme des Sœurs de Saint-Rémy (communauté de femmes installée d’abord à Senlis puis, au XVIIIème siècle à Villers-Cotterets), un meunier (Moulin sur la rivière à proximité du château), quelques petits propriétaires, quelques » artisans « , deux ou trois » potiers de terre » devenant, vers 1750, fabricants de carreaux et de tuiles, quelques femmes » dentellières « , et une grosse majorité de journaliers, c’est à dire de petites gens louant leur force de travail lorsque l’occasion se présentait. A noter que les revenus de ces derniers, souvent simples locataires de leur logis, étaient bien modestes, ceci expliquant la notion de » pauvre » trouvée quelques fois sur le rôle de taille, imposition royale.
Au XIXéme siècle, le village connut une légère croissance sur le plan démographique, qui permit de compter 266 âmes en 1866. Cet apogée fut suivi d’un déclin progressif : moins de deux cents personnes recensées au début du XXéme siècle, et aux alentours de 180 avant la Seconde Guerre mondiale. L’exode vers Paris et sa banlieue avait commencé avec l’arrivée du train à Fosses-Survilliers d’abord (avant 1850) et à Luzarches plus tardivement. La capitale offrait un potentiel et une variété d’emplois liés à l’essor de l’industrie qu’on ne pouvait trouver sur place où dans la région et certains s’y rendaient déjà quotidiennement. A l’artisanat de la poterie et aux tuileries implantées dans le secteur avait succédé des cressonnières dont les » bassins » avaient pris place le long de l’Ysieux. L’agriculture était toujours présente, bien qu’on ait ici des exploitations plus modestes qu’en Plaine de France.
L’ouverture, au château, d’une maison de retraite a compensé en quelque sorte la diminution de la population qui est passée de 180 habitants en 1936 à 210 en 1954. Par la suite le mouvement migratoire allant de la capitale et de la proche banlieue vers la périphérie de la région a généré un développement de la localité. C’est ainsi près de 500 Bellifontains qui ont été comptés au dernier recensement, en 1999.
BIBLIOGRAPHIE
- YVAIN Emile – Bellefontaine en 1900., édité par le Foyer rural de Bellefontaine. Bellefontaine, s .d. [2000], [44 p.]. Monographie d’instituteur rédigée en 1900 à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris.
- GUADAGNIN Rémy – Fosses-Vallée de l’Ysieux. Mille ans de production céramique en Ile-de-France. Vol. 1. Les données archéologiques et historiques. Caen, CRAM, 2000, 367p.